Ginette Javaux
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LA DAME DE ROUGE-CLOÎTRE

 

Elève naguère de Léon Devos, Ginette Javaux revient à Rouge-Cloître où elle dispose d'un atelier et où elle poursuit avec ferveur et gravité une oeuvre vigoureuse et volontaire, saine et réconfortante. En 1957 déjà, nous écrivions à son propos: "Elle est une chaleureuse expressionniste, aimant la belle pâte luisante, les contours bien cernés, les fermes nudités. Ses oeuvres sont solides, puissantes, de grand format. Pas de fausse modestie là-dedans! Mais une sorte d'avidité grave devant la vie, une force de persuasion incontestable, un potentiel d'envoûtement qui tient à d'autres maléfices sans doute que la peinture. Mais l'art n'est-il pas rempli de sortilèges?"

Ginette Javaux réapparaît de loin en loin aux cimaises et l'on peut dire que rien, foncièrement n'a changé dans son art. Il est aussi peu féminin qu'on peut l'être. L'artiste a tout autant de coffre que Bernard Buffet; son affirmation est aussi précise et sa sincérité, sans doute, plus éclatante. Elle n'a pas multiplié ses thèmes d'inspiration: le site et les bâtiments blancs de Rouge-Cloître, la Provence des garrigues, les paysages du Midi ou la forêt de Soignes, les champs mauves ou solaires des lavandes ou du tournesol, les arbres engourdis au bord des étangs, les mas aux murs échauffés par la lumière, le silence de l'abbaye de Sémanque, les mares aux berges grasses, la neige dans le sous-bois et toujours perceptible, cette communion de l'artiste avec la terre-mère qu'elle ne cesse de chanter avec des accents nouveaux. Des portraits ont fait leur apparition, témoignages de l'amitié s'exprimant en toute liberté; des nus renouent avec une tradition chère à l'artiste qui consacra toujours une part importante de son travail à célébrer la beauté dans une sorte de monumentalité empruntée à l'antique. Ajoutons à cela l'opulence de natures mortes aux fruits, aux chardons, aux épis, aux fleurs séchées parmi les coupes de terre vernissée et les pots de grès.

Tout cela est solide, plein de dignité et de mesure, jamais petit, jamais mesquin ni mièvre. Ginette Javaux s'est crée un style qui se reconnaît entre mille. Cette artiste chevronnée, à la belle matière luisante et bien nourrie, à la sensualité contenue, est demeurée incontournable malgré les années et les caprices de la mode.

Stéphane REY (L'Écho - mars 1993)

 


 



L'écharpe rouge

 


 

 

Un tableau au hazard

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